Robert Mangaliso Sobukwe
South Africa
Robert Mangaliso Sobukwe (né le 5 décembre 1924 - décédé le 27 février 1978) était un homme politique d'Afrique du Sud, fondateur du Congrès panafricain.
Professional Information
Professional Areas:
Government
Working primarily in:
South Africa
Description of Work:
Robert Mangaliso Sobukwe est né à Graaf
Reinet dans la province du Cap dun père fermier et dune mère femme au
foyer. Il est le plus jeune des sept enfants de Hubert Sobukwe et
Angelina Gazyis. Durant son enfance, il est éduqué dans une école
missionnaire, puis va au lycée de Healtdown (le plus grand lycée
africain en dessous de léquateur à lépoque avec plus dun millier de
lycéens) et obtient une bourse pour poursuivre ses études à
luniversité de Fort Hare, une institution où des générations de jeunes
africains se sont familiarisés avec la politique (Nelson Mandela entre
autres y a été étudiant).
A Fort Hare, Sobukwe fait connaissance avec des membres de lAfrican
National Congress Youth League (ANCYL) quil rejoint en 1948. En 1949,
il est élu président du Conseil Représentatif des Etudiants de Fort
Hare et se révèle être un bon dirigeant et un bon orateur. Il sera
également secrétaire général de la Ligue des Jeunes de lANC. En 1950,
il est nommé à un poste denseignant dans un lycée à Standerton, mais
perd son poste à la suite de sa prise de position en faveur de la
campagne de "défi"
lancée en 1952 par lANC (La campagne de défi était une action de masse
pacifique et de désobéissance civile qui dura 6 mois et eut un énorme
retentissement). Il est cependant réintroduit dans ses fonctions par la
suite. De 1952 à 1954, coupé des principales activités de lANC, il
continue néanmoins à tenir le poste de secrétaire général de lANC à
Standerton. En 1954, il est nommé chargé de cours à luniversité du
Witwatersrand considérée comme la meilleure université de langue
anglaise dAfrique du Sud. Sobukwe déménage pour Johannesburg, et
parallèlement à ses fonctions à luniversité édite "The Africanist",
une revue de lANC. Il commence rapidement à critiquer lANC dont il
est membre : des divergences idéologiques sur les méthodes à utiliser
pour sortir lAfrique du Sud du joug de l'Apartheid apparaissent.
Sobukwe est davis que la libération des Noirs dAfrique du Sud doit
être menée par les Noirs eux-mêmes. Il estime en outre que linfluence
de blancs de gauche membres ou sympathisants du parti communiste est
trop grande sur lANC - Parmi les membres ou sympathisants de lANC
figurent ou figureront des blancs sud-africains comme
Bram Fischer (qui sera lavocat de Mandela lors du fameux procès de Rivonia),
Joe Slovo (qui sera membre du premier gouvernement formé par Nelson Mandela à la fin de lapartheid) ou encore
Ruth First (qui sera tuée en 1982 à Maputo par une lettre piégée envoyée par le régime de Prétoria).
Il nest donc pas partisan dun mouvement de libération multiracial
comme peut lêtre lANC et veut rendre les Noirs sud-africains
conscients du fait quils ne doivent compter que sur eux-mêmes pour
gagner la lutte de libération et pas sur des procès ou des "Blancs
sympathiques" qui négocieront pour eux. "Nous avons compris quil y a
des intellectuels blancs qui sont partisans de la cause des Noirs, mais
étant donné quils bénéficient matériellement de la présente situation
en Afrique du Sud, ils ne peuvent pas sidentifier complètement à la
cause (...) ils protègent consciemment ou inconsciemment les intérêts
de leur groupe" dira t-il dans un de ses discours. La fracture apparaît
clairement au sein de lANC entre les "multiracialistes" et les
"africanistes" menés par Sobukwe.
En 1958, "le professeur" -ainsi que le surnommait ses amis quitte
lANC (ou en est exclu ainsi que ses partisans, les versions
divergent), créant une scission au sein du mouvement. Toujours est-il qu'il fonde le PAC (Pan Africanist Congress)
dont le premier congrès se tient en avril 1959. Son dévouement pour la
cause, son éloquence, son charisme font naturellement de lui le
président. Sobukwe électrise ses partisans lors de ce premier congrès
fondateur.
Biographical Information
Robert Mangaliso Sobukwe
(At a Glance)
Interests: Politique, Culture, Education
Place of Origin: South Africa
Robert adopte les idéaux panafricanistes exprimés lors de la conférence
dAccra en décembre 1958. Le PAC se place résolument du côté des
mouvements nationalistes dAfrique noire et partage la vision de Kwame
Nkrumah qui veut construire les Etats-Unis dAfrique. Lors de son
discours à la 1ère réunion du PAC le 6 avril 1959, Sobukwe exprimera sa
vision de ce que devait être le tout nouveau Pan Africanist Congress :
"la liberté en Afrique du Sud maintenant, et demain les Etats-Unis
dAfrique". De part son rattachement affirmé avec les mouvements de
libération africains en dehors de lAfrique du Sud, le PAC sera dans
les années 60 plus connu en dehors de lAfrique du Sud que lANC.
En 1960, Sobukwe et le PAC organisent une manifestation pour protester
contre linstauration de "Pass" par le gouvernement sud-africain (Les
Pass étaient des laissez-passer dont avaient besoin les Noirs pour se
rendre dans certaines zones). La manifestation a lieu le 21 mars.
Sobukwe accompagné de ses partisans se rend au commissariat à Orlando,
et brandit son Pass aux policiers en leur faisant savoir quil viole la
loi sur le Pass et en leur demandant de larrêter. La police larrête.
Alors quil sattend à une peine de prison légère pour avoir mené une
manifestation contre l'instauration de la loi sur les PASS en Afrique
du Sud, il sera condamné à trois ans de prison.
Le PAC et Sobukwe sont au devant de la scène ce 21 mars, parcequils
ont organisé une manifestation contre les pass, mais aussi à cause des
événements qui vont avoir lieu à Sharpeville, un petit township situé à
une cinquantaine de kilomètres de Johannesburg. Des milliers de
sud-africains ont répondu à lappel du PAC. La foule (contrôlée et sans
armes) est composée de milliers de personnes qui entourent rapidement
le commissariat local. Les forces de police qui ne comptent que 75
personnes sont prises de panique et tirent dans le tas sans sommation.
C'est le carnage :
69 personnes tuées (beaucoup dentre elles ont reçu des balles dans le dos alors quelles essayaient de senfuir),
400 bléssés y compris des femmes et des enfants, 700 coups de feu tirés par la police.
Les journaux du monde entier font leur une sur l'événement et des
protestations indignées arrivent de partout dans le monde, condamnant
le gouvernement sud-africain pour les massacres. Une crise
gouvernementale sen suit. Les militants du PAC qui avaient organisé la
manifestation sétaient retrouvés aux premier rang de la lutte contre
lapartheid et Robert Sobukwe était salué, à lintérieur et à
lextérieur de lAfrique du Sud comme le sauveur du mouvement de
libération. Tout cela nempêcha pas le gouvernement sud-africain
dinterdire en avril le PAC et l'ANC.
Condamné à trois ans de prison en 1960, Sobukwe doit être libéré le 3
mai 1963. Pourtant il est immédiatement arrêté à nouveau et transféré
dans la tristement célèbre prison de Robben Island où il passera six
ans de détention sans avoir été rejugé. Le gouvernement sud-africain
avait en effet fait voter une loi le 1er mai 1963, la "General Law
Amendment Act" qui donnait le droit à tout officier de police de
détenir pendant 90 jours (!) sans aucun mandat toute personne
soupçonnée de crime politique. Au bout des 90 jours, la détention
pouvait être prolongée indéfiniment ("pendant toute la durée de ce côté
de léternité") -le mot est de John Balthazar Vorster, alors ministre
de la justice en Afrique du Sud pro-apartheid.
La
loi avait été votée afin de pouvoir maintenir spécifiquement Robert
Sobukwe en prison, très craint par les autorités de l'apartheid pour
son charisme et sa capacité de mobilisation.
Ce dernier passa donc six années nouvelle années derrière les barreaux,
puis fut libéré en 1969, mais immédiatement assigné à résidence (dans
une maison située à Galeshewe, à Kimberley) puisque selon le régime, il
ne "devait pas pouvoir vivre dans un endroit où il lui serait facile de
reprendre ses activités subversives". (Il sera assigné à résidence deux
fois en 1969 pour cinq ans, puis en 1974, à nouveau pour cinq ans). Il
na pas le droit de quitter sa maison la nuit, de quitter le quartier
de Kimberley où il réside, de rencontrer plus d'une personne à la fois
et il est interdit de le citer en Afrique du Sud. Sobukwe travailla
avec un avocat officiant sur son lieu de résidence, s'occupant de la
situation de personnes socialement défavorisées, obtint également un
diplôme en économie par correspondance, puis un diplôme d'avocat en
1975. Ayant déjà plusieurs diplômes, Il lui était possible de
sinscrire en thèse de doctorat et il voulut aller à lUniversité du
Wisconsin poursuivre une thèse en linguistique africaine, mais
l'autorisation lui fut bien évidemment refusée.
Il continua à vivre à Kimberley. Au milieu des années 70, il fut
atteint d'un cancer des poumons. Opéré (notamment par le célèbre
chirurgien sud-africain Christian Barnard) il fut plusieurs fois admis
à lhôpital. Une demande de grâce fut faite auprès du gouvernement pour
lui permettre de passer les derniers mois de sa vie avec ses enfants,
ce que le régime de Prétoria lui refusa. Robert Sobukwe mourut le 27
février 1978 et fut enterré dans sa ville natale de Graaf Reinet le 11
mars 1978. Il avait grandement influencé la vie politique
sud-africaine, et sa philosophie de la conscience noire fut une des
principales, si ce nest la principale source dinspiration du fameux
"Black Consciousness Movement" de Steve Biko qui pris son essor dans
les années 70 alors que la tentative de Sobukwe de le mettre en place
dès les années 60 navait pas été une franche réussite. (Biko mourut un
an avant Sobukwe en 1977 après avoir été torturé par la police
sud-africaine). Le PAC comme tous les partis anti-apartheid était
interdit et certains de ses dirigeants vivaient en exil. Avec la mort
de Robert Sobukwe, la désintégration du PAC samorça définitivement
même si malgré les dissensions, le parti avait tant bien que mal réussi
à survivre. (source grioo.com)